Vinciane Despret, philosophe des sciences, vient de publier un ouvrage chez “Actes Sud” au titre original : ” Autobiographie d’un poulpe”, titre qui a éveillé ma curiosité….
Voici 3 passages d’une interview récente de Vinciane que je trouve très pertinents et qui vous donneront peut-être l’envie de lire ce livre :
Car repérer la diversité des intelligences animales nous amène à être mieux attentifs à la diversité des intelligences humaines. Par exemple, comment dire l’intelligence d’une personne qui a reçu le diagnostic d’autisme ? Ou encore d’un aveugle ? Un journaliste sportif m’expliquait que l’un des champions du monde de tir à l’arc n’a une vision que d’un dixième à chacun de ses yeux. Comment alors guide-t-il sa flèche vers la cible ? C’est tout son corps qui est intelligence, et non pas le seul cerveau relié à une paire d’yeux.
Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas tant d’un récit du futur que des récits du passé. Car nous avons toutes et tous du mal à imaginer que les choses auraient pu se dérouler autrement. Or, notre passé est riche d’histoires encore non racontées : c’est là une grande leçon des écrivaines féministes. Dans sa nouvelle La Théorie du panier, Ursula Le Guin s’appuie sur une anthropologue pour réfuter la prééminence donnée au silex, au feu et à la lance dans l’aventure humaine. Quid du panier, demande-t-elle, qui permet de cueillir et récolter ?
En tant que philosophe je ne suis pas attirée par la création de concepts – au contraire de nombre de mes collègues. Je préfère m’en tenir à la description du réel, si divers et si étonnant. La description me suffit amplement pour travailler, et pour y trouver ma joie.